Femmes et Sport
Afin de sensibiliser à la cause des femmes dans le milieu associatif, comme le manque de représentation dans les instances élues, nous donnerons la parole régulièrement à une femme qui a une histoire associative. Nous voulons ici leur donner la possibilité de témoigner sur leur vécu.
Aujourd’hui nous nous intéressons à Béatrice DELAMAERE, administratrice de la FNSMR, Secrétaire du CRSMR 59/62, Vice-Présidente du Rural Club d’Ergny, animatrice Baby gym et gym entretien, bénévole à la bibliothèque d’Hucqueliers, administratrice du Centre Social d’Hucqueliers, administratrice d’une Cigale
CFS: dites-nous… comment a commencé votre engagement associatif ?
J’avais 17 ans, j’appartenais à un club d’aviron, je m’occupais des jeunes rameurs débutants et dès que j’ai eu 18 ans je suis devenue secrétaire de ce club d’aviron.
CFS: quel a été votre parcours ?
J’ai commencé par être donc secrétaire du club d’aviron et initiatrice d’aviron. Partie en Afrique une dizaine d’années, je suis arrivée dans le Pas de Calais en septembre 1995. Un constat dans ce village de 190 habitants. Rien !!!! j’ai commencé par faire de l’animation théâtrale et il m’a semblé nécessaire de me rapprocher d’une fédération. Celle qui semblait le plus correspondre à ce que je souhaitais faire était la Fédération des Foyers Ruraux et par la même, la fédération du sport en Milieu Rural. J’ai donc créé le Rural Club d’Ergny en septembre 1998. A partir de 1999 j’ai animé des sections : tennis de table, tir à l’arc, école de sports et par la suite de la gym entretien et bien après du badminton (il a fallu attendre l’ouverture d’une salle de sports dans le canton pour mettre en place des sports collectifs).
CFS: avez-vous rencontré des difficultés dans ce parcours ?
Au début, lorsque j’étais toute jeune dans le club d’aviron, j’ai dû remplacer l’entraîneur lors de la réunion d’organisation d’une compétition. Je n’avais jamais parlé en public et qui plus est, face à un public masculin. J’étais très mal à l’aise et lorsque j’ai ouvert la bouche, une personne m’a dit : « mademoiselle sachez qu’ici il faut parler fort, sinon vous n’avez rien à faire là ». Ça a été un électrochoc pour moi. Je ne sais plus à quel moment ma timidité s’est envolée, mais cette période a été très formatrice.
CFS: si oui comment les avez-vous dépassées ? Si non à quoi attribuez-vous cela ?
Il a fallu aller au « charbon » et lorsque que j’ai créé le Rural Club d’Ergny je n’avais plus de craintes, car j’ai rencontré une famille et notamment Eddy Defevere, salarié de la fédération départementale du 62 qui était le premier contact avec une présence et une ’écoute qui étaient rassurantes. Par la suite j’ai intégré le comité départemental du sport en milieu rural avec Pascal Dubuisson et un noyau dur d’élus et administrateurs avec qui je garde toujours de très bons contacts.
CFS: est-ce que le fait d’être une femme a été un atout ou un frein dans votre parcours associatif ?
Je pense qu’au début, le monde sportif était vraiment très machiste. Les postes d’élus étaient souvent tenus par des hommes. Et pour faire son trou, il fallait soit être hyperdouée dans sa discipline ou démontrer une force de caractère impressionnante. Par la suite, les mentalités ont évolué, mais pour un certain nombre l’égalité des sexes n’est pas intégrée. Sur cette question je reste mitigé, car être une femme peut être un atout et un frein.
CFS: comme imaginez-vous votre futur associatif ?
Ayant été bénévole depuis une quarantaine d’années, je suis plutôt dans la phase « laisser la place aux plus jeunes » du moins dans mon association. Pour permettre un renouveau dans le fonctionnement, dans l’apport d’idées, de projets. Dans le milieu associatif sportif, lorsque j’ai commencé l’animation bénévole, on ne voyait pas de professionnels dans ce domaine. Actuellement, avec la professionnalisation des activités sportives, le bénévolat se perd davantage.CFS: quels conseils donneriez-vous à une adhérente qui voudrait s’impliquer dans des comités directeurs ou autres instances décisionnaires ?Il me parait important de prendre contact avec des femmes déjà en poste pour rassurer, car pour beaucoup de personnes, il y a toujours un côté impressionnant qui retient et empêche « d’y aller ». Ensuite c’est d’accompagner quelque temps la personne qui est en poste pour s’imprégner de l’histoire de l’association, son fonctionnement. C’est une manière douce d’accéder à un poste.
Carte blanche à Béatrice :
Etre bénévole est une valeur que l’on a en soi. Il faut être généreux, ouvert aux autres, aimer faire plaisir, être motivée. Tant que ce cocktail est servi, on peut avancer et réaliser de belles choses…..Pour ma part, je ne peux pas imaginer une vie sans bénévolat, Il y a de la place pour tous ceux et celles qui souhaitent s’investir.